The Missing Week

Intéressée par les questions de la narration en photographie, l’artiste explore à nouveau les possibilités offertes par le travail de reconstitution, opérant spécifiquement dans les marges entre les notions de vérité et de fiction Tissant les référents tirés à la fois de faits divers, de l’histoire de l’art et de documents d’enquête, Niederstrass a choisi ici de s’arrêter sur l’histoire fortement connotée d’Elizabeth Short, surnommée le « Dahlia Noir », qui a été retrouvée assassinée à Los Angeles en 1947.

À l’aide de documents d’archives et des recherches publiées par Steve Hodel, détective privé, ancien enquêteur de la police de Los Angeles et fils du présumé meurtrier d’Élizabeth Short, l’artiste a pu produire une série de photographies qui propose un regard subjectif sur les différents lieux où des témoins ont identifié la jeune femme disparue durant la semaine précédant sa mort. Plus de soixante ans plus tard, cette reconstitution visuelle et descriptive retrace le parcours de la victime mais révèle surtout une superposition anachronique des lieux produisant une narration teintée par l’histoire.

La visée de Niederstrass est double. À travers ce corpus, l’artiste questionne la véracité des propos tenus dans plusieurs journaux de l’époque, suggérant qu’en tentant de manipuler l’information concernant notamment la victime, plusieurs sources médiatiques auraient indirectement légitimé l’assassinat de la jeune femme, rendant ce meurtre presque compréhensible auprès du public. Natascha Niederstrass use du fait divers présent dans l’imaginaire collectif, faisant référence au sensationnalisme criminel, pour réconcilier le spectateur néophyte avec l’art actuel qui souvent, à priori, peut lui paraître hermétique. Le spectateur se trouve dès lors lui-même impliqué dans le processus de reconstitution d’une histoire, d’un événement qui est exclu du visible.

Ce corpus d’œuvres a été initialement présenté en 2015 à la Galerie Trois Points à Montréal, puis exposé en 2019 dans le cadre de la 11e édition du Festival Art Souterrain intitulée  » VRAI OU FAUX « .

Crédit photo : Guy L’Heureux