Déconstruction d’une tragédie
L’artiste analyse par la photographie et la vidéo d’animation la construction du mythe entourant l’un des meurtres les plus sordides de l’histoire du quartier Griffintown, l’assassinat sauvage de Mary Gallagher vers la fin du 19e siècle.
Cette histoire, dont le procès a été largement médiatisé dans les journaux de l’époque, a acquis au fil des années un statut quasi légendaire : depuis l’apparition présumée de son fantôme à l’endroit où elle fut assassinée, il semblerait selon certains témoins que la victime erre, cherchant à retrouver sa tête. Afin de revisiter cet événement tragique – le déconstruisant pour mieux en saisir les différentes composantes – l’artiste propose une série photographique représentant de fausses pièces à conviction inspirées des descriptions issues des journaux locaux de l’époque. Au centre de l’espace d’exposition est présentée une vidéo d’animation image par image (stop motion), fortement empreinte d’un sentiment d’inquiétante étrangeté, dans laquelle on retrouve le fantôme décapité de Mary Gallagher errant à la recherche de sa tête.
La question de la représentation de la femme est également manifeste dans ce nouveau corpus de Niederstrass. Ici, le fait divers bascule vers la légende urbaine pour semer la crainte et manipuler la population de Griffintown : l’émergence du fantôme, incarnation de la femme décapitée, sert d’exemple aux autres femmes du quartier afin de les mettre en garde.
Ce corpus fût présenté en 2014 à la Galerie Trois Points à Montréal.
Crédit photo : Mathieu Proulx