L’affaire de Camden Town
Ce projet photographique s’inspire de l’œuvre de l’artiste britannique Walter Sickert (1860-1942). L’intérêt qu’à l’artiste Natascha Niederstrass pour sa série de peintures intitulée L’affaire de Camden Town, réalisée en 1908, provient d’une fascination pour la construction de narrations ambiguës. Tout comme Sickert, elle tente, mais par le biais du médium photographique, de communiquer des histoires en mettant en scène des personnages dans des environnements particuliers : ces mises-en-scène incluent à chaque fois un personnage masculin entièrement vêtu et un personnage féminin dénudé. Quel est le rapport entre les deux personnages ? S’agit-il d’un couple amoureux ou d’un bourreau et de sa victime ? La nécessité de réactualiser cette série d’œuvres repose sur cette difficulté à résoudre l’énigme qui s’en dégage.
Cette façon d’élaborer des suites d’images permet à Niederstrass de proposer au spectateur différentes lectures de l’œuvre et de créer une fiction changeante, c’est-à-dire une multiplicité de narrations possibles.
Cette série tente d’agir en tant qu’antépisode à l’œuvre de Sickert. En supposant qu’il a créé ces peintures à l’aide de modèles vivants, Niederstrass choisit donc de réactualiser la scène qu’il aurait observée avant la réalisation de la peinture en question. Ces mises-en-scène incluent à chaque fois deux personnages dont la relation est ambivalente.
Bien que les peintures de Walter Sickert n’aient pas été très marquantes pour son époque, leur sujet reste d’avant-garde compte tenu du fait que la recherche de l’artiste s’apparente à certaines pratiques contemporaines. Il est aussi important de mentionner que Sickert fut l’un des premiers suspects à être interrogés en ce qui concerne l’affaire de Jack l’Éventreur. Encore à ce jour, certains croient qu’il est l’auteur de ces crimes.
Ce corpus fût présenté en 2014 à Occurrence – Espace d’art et d’essai contemporains à Montréal.
Crédit photo : Mathieu Proulx