Inside Some Place Else
L’artiste propose ici une installation divisée en trois parties qui communiquent un état d’être plutôt qu’un événement ou une expérience. Dans le premier espace c’est un effet d’étrangeté qui s’installe dans la reconstruction d’une chambre composée de différents fragments de lieux que l’artiste a visités ou habités dans le passé. Différentes composantes de ses souvenirs occupent l’espace. Il n’est pas question ici de duplication mais d’interprétation de plusieurs endroits fusionnés en un seul. Ainsi, ce qui est présenté n’est pas un espace réel mais un espace psychologique.
La seconde partie est occupée par une maison miniature dans laquelle est reproduite une copie de la chambre représentée dans la première partie. La miniaturisation du lieu donne une impression de familiarité. Ce déplacement d’espace et d’échelle est un dispositif que l’artiste utilise pour renforcer la sensation de déstabilisation chez le spectateur. Une bande audio accompagne la maquette et dévoile le cœur de l’œuvre, le thème de la nostalgie. On y entend un dialogue entre deux personnages, l’artiste dans les deux cas, qui porte sur le sentiment de nostalgie qu’ils éprouvent en rapport au lieu où ils se trouvent. À travers leur conversation, ils transmettent au spectateur leur sentiment de perte.
La troisième partie comprend une projection vidéo dans laquelle est présentée une apparition fantomatique de l’artiste alors qu’elle s’avance dans un corridor sombre en tenant entre ses mains un gâteau d’anniversaire orné de bougies allumées, dans l’intention de l’offrir à une autre moi qui est elle-même. Ce double se présente comme un amplificateur de la solitude pour devenir une représentation de l’absence de l’autre. Pour compenser cette absence, le double émerge et vient remplir le manque.
– Marie-France Beaudoin
Ce travail fût initialement présenté en 2001 à la AGYU (Art Gallery of York University) puis par la suite en 2003 dans le cadre de l’exposition L’art qui fait boum: La triennale de la relève québécoise en art contemporain à Montréal.
Crédit photo : Guy L’Heureux